
Connais-tu les haikus? Ces petits poèmes japonais semblent toujours regorger de sagesse, de douceur et de bienveillance. Et si tu pouvais extérioriser ta propre sagesse intérieure en t’inspirant des techniques d’écriture de cette forme ancienne de littérature japonaise?
Un vieil étang
Une grenouille qui plonge
Le bruit de l’eau
Bashō
D’abord : Qu’est-ce qu’un haïku?
Le haïku est un petit poème extrêmement bref d’origine japonaise qui vise à célébrer l’instant présent dans ce qu’il a de singulier et d’éphémère. Il serait apparu vers la fin du 17e siècle sous la plume du poète Bashō. En français, sa structure est généralement composée de trois vers (ou lignes) avec très peu de syllabes chacune :
Premier vers : 5 syllabes (par exemple : JE–SENS–UN–E–ROSE*)
Deuxième vers : 7 syllabes (par exemple : SON–PAR–FUM–EM–BAU–ME–L’AIR)
Troisième vers : 5 syllabes (par exemple : UN–OI–SEAU–S’EN–VOLE*)
*En poésie, le « e » final des mots est généralement considéré comme étant muet, donc on ne le compte pas comme étant une syllabe. Si tu as besoin de te rafraîchir la mémoire pour bien compter les syllabes, clique ici.
Mais rappelle-toi : ce n’est pas grave si tu ne comptes pas à la perfection! Ce n’est pas un examen de français, quand même.
Je cueille des champignons —
Ma voix
Devient le vent
Masaoka Shiki (1867-1902)
La nature et l’instant présent : au coeur du haïku
Le lien avec la nature est très présent dans le haïku. Dans sa forme traditionnelle, le haïku va même plus loin et utilise un « mot de saison » (kigo). Ceci permet d’ancrer davantage le poème dans l’instant présent.
Un haïku comporte aussi généralement une césure (kireji). Il s’agit d’un moment de silence pendant la lecture et qui est parfois représentée par un tiret, quoique ce ne soit pas nécessaire. Cette pause permet de marquer un changement d’image, comme si on zoomait notre objectif sur un détail plus précis.

Quelques pistes pour rédiger un haïku
1– Va dans la nature
La nature est une source d’inspiration inépuisable pour les haïkus, mais aussi, pour les poèmes en général. Tout est toujours en mouvement et en constant changement.
2– Prête attention à ce qui se passe autour de toi.
Que tu sois ou non dans la nature, arrête-toi pour analyser ce qui se passe autour de toi avec tous tes sens. Y a-t-il des bruits, des odeurs, des couleurs, des textures, des saveurs? Que fais-tu? Que font les autres?
3– Prends un des éléments que tu perçois et décris-le.
Qu’est-ce que c’est? En quoi il attire ton attention?
4– Porte maintenant ton attention sur un tout autre aspect du moment que tu vis.
Que se passe-t-il d’autre? Si tu as porté ton attention sur une odeur, par exemple, tu pourrais maintenant décrire un mouvement, une texture, un bruit, etc.
Quelques essais personnels
Voici quelques essais personnels pour t’inspirer :
Doucement je berce
Au creux des bras un bébé
Le sommeil s’installe
Partout les cris fusent
Tous les mouvements m’invitent
À m’ancrer au sol
La porte ouverte
Je regarde le soleil
Baigner la fenêtre
Te sens-tu inspiré? N’oublie-pas : ça n’a pas besoin d’être parfait dès le début. Si tu as de la difficulté avec le compte des syllabes, ce n’est pas grave. Donne-toi une chance de commencer quelque part. Et tu verras : non seulement on se sent bien de prendre un temps d’arrêt pour prendre conscience de son environnement, mais on est drôlement fier après coup quand on lit nos créations!
Bonne rédaction!